Economie
Créances en souffrances: quelles en sont les causes?
24/03/2024 - 17:18
Ouiam Faraj | Mohammed FizaziSelon les données de Bank Al-Maghrib pour l'année 2023, les prêts non performants dus par les ménages aux banques ont bondi à 94 milliards de dirhams, représentant ainsi 8,8 % du total des prêts bancaires en cours.
Faiblesse du pouvoir d'achat
Dans ce contexte, le professeur et chercheur en droit des affaires et économie à l'Université Hassan II de Casablanca, Badr Zaher Al-Azraq, a souligné que le problème du non-remboursement des prêts par les familles marocaines est lié à une série de crises économiques ; dont au premier rang figure la pandémie de coronavirus, qui a eu un impact significatif sur le pouvoir d'achat et l'a considérablement affaibli après que de nombreuses familles ont perdu leurs sources de revenus.
L'inflation a également entraîné une augmentation des dépenses des ménages pour divers services et produits, à une époque où les salaires sont restés stables, poussant de nombreuses familles à recourir à des prêts à la consommation pour couvrir la différence de dépenses.
Le spécialiste, dans une déclaration à SNRTnews, a indiqué que le non-remboursement des prêts, qu'ils soient liés à la consommation ou à l'immobilier, crée également une crise au niveau bancaire, expliquant que la crise se transmet des familles au secteur bancaire, "qui a résisté jusqu'à présent à plusieurs crises".
Au niveau des classes sociales, la classe moyenne, selon notre interlocuteur, est la plus touchée par le non-remboursement des créances, car elle se compose principalement d'employés, de fonctionnaires et d'indépendants qui ont la possibilité de recourir à des prêts et à des banques après avoir fourni des garanties.
Coronavirus et inflation
De son côté, le professeur d'économie à l'Université Mohammed V de Rabat, Ali Boutayba, a expliqué que la situation de la classe moyenne résulte de politiques successives qui ont affaibli le pouvoir d'achat de cette classe, "sachant que chaque personne appartenant à cette classe soutient entièrement sa famille car elle est caractérisée par la solidarité familiale".
Boutayba, dans une déclaration à SNRTnews, a souligné que les dernières années ont vu plusieurs crises économiques qui se sont aggravées avec la pandémie de coronavirus et la hausse des prix due à l'inflation, notant que l'année 2022 a marqué le début d'une amélioration pour les familles après que de nombreux secteurs ont commencé à se remettre de la pandémie, ce qui a amené de nombreuses familles à emprunter en pensant que l'année 2023 serait meilleure.
Boutayba a ajouté que l'inflation étrangère, qui a atteint le Maroc en 2023, a entraîné une forte augmentation des prix du carburant et des produits de base, ce qui a "bouleversé les plans" de ces familles et affaibli leur pouvoir d'achat.
Quelles solutions ?
En ce qui concerne les moyens d'atténuer les effets de ces prêts sur les familles, Ali Boutayba a insisté sur la nécessité d'injecter un nouveau souffle dans les politiques adoptées afin de préserver la classe moyenne et de lui accorder une attention particulière.
Il a également souligné l'importance de revoir l'impôt sur le revenu et d'adopter une nouvelle politique fiscale tenant compte des particularités de la classe moyenne, en plus de "revoir la décision d'augmenter le taux directeur, qui n'est pas la seule solution pour freiner l'inflation", selon Boutayba.
Pour sa part, Badr Zaher Al-Azraq, estime qu'il est essentiel de s'attaquer à la question du non-remboursement des créances soit par la restructuration des dettes de ces familles d'une manière qui n'affecte pas leur pouvoir d'achat et leur capacité de remboursement.
Il a également appelé à éviter les démarches juridiques qui cherchent à recouvrer ces dettes à travers des saisies et des poursuites judiciaires, et à rechercher des alternatives permettant de récupérer la majeure partie de ces dettes tout en permettant aux familles de couvrir leurs besoins et leurs dépenses.
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