Economie
Ventes du ciment: les raisons d'une baisse qui se poursuit
24/05/2023 - 15:19
Aya Lankaoui (Stagiaire)Les livraisons de ciment, à fin mars 2023, ont atteint plus de 3,24 millions de tonnes (Mt), soit une baisse de 5,26% par rapport à la même période en 2022. De plus, à fin avril 2023, les livraisons de ciment ont atteint plus de 3,96 Mt, soit une baisse de 8,46% par rapport à la même période en 2022.
Le marché du ciment continue donc de connaître une baisse constante. A cet effet, la directrice déléguée de l’APC, Bouchra Ghiati, a déclaré à SNRTnews qu’en 2022, les livraisons de ciment des membres de l’Association ont été de 12,5 Mt, soit une baisse de 10,65% par rapport à 2021.
"En comparaison à l’année 2011, la baisse a été de 22,6% (3,65 Mt). En dehors de l’année 2020, qui a été fortement impactée par les effets la crise sanitaire liée à la Covid-19, il faut remonter à 2007 pour retrouver le même niveau de consommation annuelle de ciment. Il représente à peine 50% de la capacité de production nationale installée", a-t-elle indiqué.
Du contexte international aux tensions inflationnistes
La directrice générale de l’APC, estime que les raisons de cette situation alarmante sont multiples. L’économie mondiale a connu en 2022 une décélération en raison de l’impact de la guerre en Ukraine et des perturbations des chaines de valeur mondiales.
Au Maroc, en plus des répercussions de ce contexte international défavorable sur les prix, notamment ceux des matériaux de construction et des produits énergétiques, le pays a connu son année la plus sèche depuis plus de trois décennies. Le repli des revenus agricoles et les tensions inflationnistes ont donc pesé sur le pouvoir d’achat des ménages.
S’ajoute à cela, les deux récentes hausses du taux directeur qui commencent à se répercuter sur les taux débiteurs et ralentir davantage la croissance des crédits immobiliers touchant à la fois les acquéreurs, les promoteurs immobiliers et l’auto-construction.
Dans le même ordre d’idées, Bouchra Ghiati a fait savoir que parmi les raisons de cette baisse est la non reconduction du programme des logements sociaux, qui est arrivé à son terme en 2020, et le report de la mise en place du programme des aides directes au logement destinées aux particuliers prévu dans la loi de Finance 2023. Celui-ci a gelé l’évolution du segment du logement.
Retenons que les ventes de ciment ont souffert d’un effet collatéral suite à l’augmentation des prix des matériaux de construction, ce qui a augmenté les coûts de construction pour les promoteurs et les auto-constructeurs, et certainement ralenti leurs projets.
D’autre part, la demande en logements et les travaux de rénovation du parc existant ont été impactés à travers plusieurs facteurs dont le tassement des créations d’emplois, la baisse de l’épargne, l’inflation qui a impacté le pouvoir d’achat.
La période 2020-2022 a enregistré une moyenne de 105.631 logements autorisés/an, contre une moyenne de 119.747 pour la période 2016-2019, soit une baisse de 11,8% entre les deux périodes.
Il convient également de noter que secteur de l’infrastructure a été moins affecté par la crise sanitaire en 2020 et par la crise économique et l’inflation des prix de 2022. Cette performance s’explique par le maintien des investissements publics dans ce segment sans cependant enregistrer de nouveaux projets.
Au vu des statistiques publiées par le ministère de l'Aménagement du territoire national, de l'urbanisme, de l'habitat et de la politique de la ville à fin avril 2023, les segments du bâtiment, du BPE (béton prêt à l'emploi) et de la distribution du ciment en sac ont connu un retrait respectif de 20%, 11% et 7,5%. Seul le segment de l’infrastructure a affiché une légère hausse de 3,4%.
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