Société
L'UNESCWA définit l'impact du changement climatique sur la migration et l'agriculture au Maroc
31/01/2024 - 11:21
Mohammed FizaziLa région arabe, confrontée à des défis environnementaux sans précédent, voit se multiplier les impacts du changement climatique sur les modèles de migration. Le rapport de l’UNESCWA, dont le Maroc est un état membre, met en lumière les relations complexes entre les pressions environnementales, telles que la sécheresse, l'élévation du niveau de la mer, les inondations soudaines et la désertification, et les mouvements de population. Ces facteurs climatiques agissent souvent comme des multiplicateurs de menaces, exacerbant d'autres causes de migration.
En 2020, les pays arabes ont accueilli près de 15 % des migrants et réfugiés mondiaux, avec 32,8 millions de personnes déplacées ou ayant migré de différents pays arabes. Parmi eux, 44 % sont restés dans la région. Cette migration interne, principalement rurale-urbaine, contribue à l'émergence de mégapoles, plus de la moitié de la population arabe vivant désormais dans des villes et des établissements informels.
Le changement climatique menace chaque pays de la région à des degrés divers. Les inondations, responsables de 58 % des déplacements causés par des catastrophes naturelles entre 2010 et 2019, sont exacerbées par des précipitations plus intenses dues au réchauffement climatique. Par ailleurs, la sécheresse affecte largement les pays de la région, menaçant la production agricole et les moyens de subsistance des populations rurales.
Les envois de fonds des migrants facilitent l'accès à la terre, aux ressources et aux intrants agricoles, et comblent les déficits de revenus lorsque la production agricole est compromise par le changement climatique. La migration et la mobilité de la main-d'œuvre peuvent ainsi devenir des stratégies significatives de résilience et d'adaptation au climat pour les communautés d'origine et d'accueil.
Cependant, le réchauffement accéléré de la région, combiné aux conflits politiques et à la dépendance aux combustibles fossiles, a entraîné une migration rurale-urbaine et des déplacements forcés, mettant une pression énorme sur l'infrastructure urbaine, les services et les marchés du logement. De plus, les inégalités de genre entraînent des impacts climatiques disproportionnés sur les femmes par rapport aux hommes.
Quid du Maroc?
Le Maroc, tout comme d'autres nations de la région arabe, est confronté à des pressions environnementales exacerbées par des événements précités (sécheresse, montée du niveau de la mer, inondations éclairs et la désertification). Ces phénomènes agissent comme un multiplicateur de menaces, exacerbant d'autres facteurs de migration. Plus de 40 % de la population rurale marocaine dépend de l'agriculture pour vivre, rendant ces communautés particulièrement vulnérables aux variations climatiques.
Le rapport met en lumière que 1,9 million de personnes pourraient migrer à l'intérieur du Maroc d'ici 2050 en raison des impacts du changement climatique. Cette migration interne exerce une pression énorme sur les infrastructures urbaines, les services et les marchés du logement.
Cependant, la migration et la mobilité de la main-d'œuvre peuvent également devenir des stratégies d'adaptation et de résilience face au changement climatique. Les transferts de fonds des migrants jouent un rôle essentiel, facilitant l'accès à la terre, aux ressources et aux intrants agricoles, et agissant comme un palliatif lorsque la production agricole est compromise. Les ménages marocains ayant des membres à l'étranger bénéficient ainsi d'un meilleur accès à la technologie agricole.
Les impacts du changement climatique ne sont pas répartis équitablement, affectant de manière disproportionnée les personnes et les communautés déjà en situation défavorable. Les inégalités de genre exacerbent les impacts sur les femmes. De plus, les enfants en mouvement dans ce contexte climatique risquent d'être exposés à des abus, à l'exploitation ou à la traite.
Le rôle de la diaspora marocaine est souligné comme étant essentiel pour l'adaptation climatique et la résilience économique du pays, notamment dans le secteur agricole. Le rapport insiste sur la nécessité de promouvoir un développement rural durable grâce à l'apport économique, les transferts de fonds, et le développement des compétences et des connaissances.
Enfin, le rapport de l'UNESCWA appelle à une prise de conscience et à une avancée dans la recherche sur le lien entre migration et changement climatique. Il préconise une approche sensible au genre, à l'âge et au handicap dans les politiques de migration et climatiques. La protection des travailleurs migrants, la sécurité alimentaire et l'intégration des questions de changement climatique dans la gouvernance de la migration sont présentées comme des étapes nécessaires pour l'avenir.
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