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Covid: quand chats et chiens quittent Hong Kong en jet privé
01/02/2022 - 17:00
AFPHong Kong est l'un des derniers endroits au monde à s'accrocher à une politique de "zéro-Covid". Nombreux sont ceux qui choisissent de quitter le centre financier, mis sous cloche par la pandémie et où toute opposition a été réprimée par Pékin après les manifestations pro-démocratie de 2019.
Bon nombre de compagnies aériennes, découragées par les longues quarantaines et autres restrictions imposées à leurs équipages et à leurs passagers, ont cessé de desservir Hong Kong. Et la ville interdit totalement depuis décembre les vols en provenance de huit pays dont la France, le Royaume-Uni, le Canada, l'Australie et les Etats-Unis.
Selon la Chambre américaine de commerce, plus de 40% des expatriés, lassés par cet interminable isolement, souhaitent désormais quitter la ville, et plus de 25% des sociétés étrangères envisagent de déménager dans un autre pays. Les Hongkongais sont également nombreux à vouloir émigrer.
Pour Lee, un Hongkongais sur le point de s'installer au Royaume-Uni, les restrictions signifiaient aussi qu'il lui serait impossible d'emmener ses chers Teddy et Newman. Car non seulement les rares vols commerciaux sont pris d'assaut, mais la plupart des compagnies aériennes limitent le nombre d'animaux pouvant être transportés à bord de chaque vol.
"C'est une situation exceptionnelle", dit Lee, qui n'a accepté de fournir à l'AFP que son nom de famille. "Si on ne voyageait que ma femme et moi, bien sûr on ne prendrait pas un jet privé. Nous le faisons seulement pour nos chats".
L'aviation d'affaires, généralement réservée aux ultra-riches, tente de plus en plus de propriétaires d'animaux désireux de quitter Hong Kong sans laisser leurs compagnons derrière eux.
Les suspensions de vols imposées par la ville en décembre ont laissé entre 3.000 et 4.000 chiens et chats sur le carreau, selon les estimations de Pet Holidays, une agence de voyage pour animaux.
"Aucune somme d'argent n'est assez élevée pour leur garantir une place" à bord d'un vol commercial, affirme Fanny Liang, consultante en émigration animale de Pet Holidays.
- Désespérés -
Un vol privé pour un chat et son maître est facturé en moyenne 23.100 dollars (20.700 euros) chez Pet Holidays, mais le prix dépend de la taille de l'animal et de la destination, précise Mme Liang.
Olga Radlynska, fondatrice de la compagnie d'aviation privée Top Stars Air, affirme recevoir ces dernières semaines des dizaines de coups de téléphone de propriétaires d'animaux domestiques souhaitant quitter Hong Kong en leur compagnie.
"Je peux sentir que les gens sont devenus désespérés et qu'ils partent", explique-t-elle. "Pratiquement chaque vol affrété l'est pour un aller simple".
Top Stars Air, qui facture un minimum de 19.700 dollars (17.600 euros) par trajet, a déjà programmé cinq vols privés en février - vers Londres, Singapour et Los Angeles - contre deux vols par mois l'an dernier en moyenne.
Les propriétaires d'animaux essayent de réduire les coûts faramineux en trouvant, sur des groupes Facebook, des voyageurs prêts à partager leur jet.
"Quelqu'un est-il au courant d'un départ de jet de Hong Kong pour le Royaume-Uni le mois prochain? J'essaye de ramener deux bouledogues français à la maison", écrivait une internaute le 13 janvier, ajoutant un emoji figurant des doigts croisés.
Mais tous les partants ne quittent pas Hong Kong avec Médor. Selon Eva Sit, de l'association Hong Kong Dog Rescue, le nombre de chiens abandonnés recueillis par cette organisation a augmenté de 48% en 2021 par rapport à 2020.
"Nous pensons que cela s'explique en partie par la vague d'émigration", affirme-t-elle.
"Les chiens font partie de nos familles et ne devraient pas être laissés sur le carreau comme s'ils étaient des meubles", déplore Sit. "Cela comporte des défis et des coûts, mais au final déménager avec ses chiens se résume toujours à une question de volonté", poursuit-elle.
Sarra O'Hara raconte avoir été initialement "choquée" en apprenant que des gens faisaient voyager leurs animaux en jet privé.
Elle l'est moins maintenant qu'elle et son mari envisagent de déménager au Royaume-Uni en mars, et qu'aucune compagnie aérienne n'accepte de faire voyager Milo et Manda, leurs deux chiens.
"Je n'abandonnerai jamais nos chiens derrière moi", affirme-t-elle. "Je serais prête à faire n'importe quoi".
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