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Cinéma 2022: les films préférés de Mohammed Bakrim
29/12/2022 - 12:12
Khaoula BenhaddouL'année 2022 a été riche en moments forts de cinéma. De belles œuvres et des films engagés qui ont fait le bonheur des cinéphiles.
-No bears de Jaafar Panahi: fidèle à lui-même avec un dispositif cinéma dans le cinéma, Panahi réalise ici une œuvre qui transgresse les frontières entre fiction et documentaire ; la frontière physique entre l’Iran et la Turquie est convoquée au bénéfice d’une dramaturgie complexe à l’image des rapports humains.
-Avatar 2 de James Cameron: moins spirituel, moins écologique qu’Avatar1, ce deuxième opus est plutôt du côté de la défense de la famille, du clan avec un père super-héros ; un Rambo numérique face à un Terminator cette fois méchant mais néanmoins paternel ; James Cameron nous livre une version qui pousse très loin les prouesses technologiques du premier Avatar. Nous ne sommes plus dans le cinéma mais dans les immenses possibilités de l’image.
-Murs effondrés de Hakim Belabbès: des tranches de vies tissées à travers la captation de vécus quotidiens de gens simples ; le peuple d’en-bas filmé dans sa diversité qui brasse le drame, le poétique et le tragique…
-Laazib de Jaouad Babili: un documentaire qui réhabilite le genre ; rendant à l’espace sahraoui sa splendeur loin des clichés ; filmant avec justesse ; avec empathie, sans voyeurisme ; un film aux antipodes du cinéma de l’exotisme social.
-Jours d’été de Faouzi Bensaïdi: revenu à ses premières amours, le théâtre via une pièce de Tchékhov, Bensaïdi en profite pour proposer un hymne aux actrices et aux acteurs. Il les aime et ils le lui rendent bien. Le tout filmé avec un rythme qui crée une ambiance de comédie musicale ; une chorégraphie qui transcende le drame pour rendre hommage au cinéma en célébrant le théâtre.
-Saint Omer d’Alice Diop: une maîtrise du style, du cadre, des échanges ; une mise en scène des regards pour mieux mettre en valeur le verbe…
-La vie me va bien de Hadi Ulad Mhand: une histoire d’une chute et d’un espoir, perçue comme une mélodie, un poème visuel ; ce n’est pas un réalisme sociologique (le directeur de la poste est décrit dans un registre qui frise l’absurde) mais un réalisme phénoménologique qui décrit des situations optiques et sonores pour user de concepts deleuziens. Nous sommes dans le cinéma «image temps».
-Le bleu du caftan de Meriem Touzani: voici un film clivant. On n’en sort pas indemne. Il bouscule certains clichés sur une certaine masculinité, pour l’ouvrir sur les sentiers édifiants de l’amour dans ses dimensions multiples. Il y a à ce niveau quelque chose d’Ibn Arabi, et sa philosophie de l’amour. Touzani pourrait mettre son film sous le signe de la citation du Grand maître quand il dit «je crois en la religion de l’amour» avec ce personnage sublime de Mina qui, mourante dit à son mari Halim, aux penchants sexuels spécifiques: «Halim, n’aie pas peur d’aimer !».
-Zyara de Simone Bitton: on aime présenter le film comme «un road movie» ; un film de route. Et en effet, on voyage beaucoup dans le film mais ce n’est pas dans le style Road one Usa (Robert Kramer, 1989): on ne suit pas une route qui dicte finalement son scénario au film. Ici, il y a bien des routes mais ce sont des routes et des lieux à (re) découvrir. On ne suit pas une route toute tracée, c’est le mouvement d’une quête. On s’arrête, on demande son chemin, on tourne à gauche, à droite ; on va vers les quatre points cardinaux. Le film dessine non pas un chemin mais un cheminement dans les méandres d’une mémoire refoulée, marquée par l’histoire sinon blessée par elle. Comme dirait Paul Ricœur.
- Armageddon de James Gray: d’inspiration autobiographique, le film revient sur une enfance dans le New York des années 1980 ; les années Reagan et les fractures qui obstruent l’horizon du rêve américain. Un rêve que sauve le cinéma américain et lui permet de nourrir cette utopie possible. Le film est d’une justesse, d’une finesse et d’une densité dramatique qui m’amènent à y voir l’équivalent cinématographique de ce que fait dans le roman l’immense écrivain Philippe Roth.
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