Politique
Benmoussa: "Le Maroc n'a pas espionné Emmanuel Macron"
25/07/2021 - 15:31
SNRTnewsLors de cette interview étalée sur deux pages, le représentant officiel du Maroc en France réfute catégoriquement les accusations contre le Royaume. Il rappelle en ce sens que le Maroc a démenti l’acquisition de ce logiciel il y a plusieurs mois de cela. "En juin 2020, Amnesty International nous avait accusés de surveiller des journalistes au Maroc en utilisant une telle application. Le Chef du gouvernement avait déjà réfuté de tels faits et demandé dans une lettre adressée à l’ONG d’apporter les éléments de preuve qui permettraient de conforter ses accusations. Une demande restée sans réponse", précise l’Ambassadeur.
Le prix du succès
Chakib Benmoussa a aussi réfuté les accusations d’espionnage des personnalités politiques françaises, notamment le président Emmanuel Macron, l’ancien Premier ministre Édouard Phillipe, ainsi qu’une quinzaine de ministres français. "Le Maroc n’a pas espionné le Président Emmanuel Macron. Il n’a pas non plus espionné l’ancien Premier ministre ou des membres du gouvernement", note-t-il. Il est ensuite revenu sur la qualité des relations diplomatiques entre Paris et Rabat en précisant que "la relation entre la France et le Maroc est particulière, construire sur l’histoire, sur des liens humains et culturels extrêmement forts, sur des intérêts communs".
Pour Benmoussa, c’est justement la qualité des relations entre les deux pays qui a poussé des "réseaux hostiles au Maroc en France" qui sont dans "une logique de déstabilisation", à surfer sur cette vague. "Il est de notoriété publique que les succès du Maroc en Afrique ne font pas plaisir à tout le monde, notamment à notre voisin (l’Algérie, NDLR.)", a-t-il fait savoir.
Des zones d’ombre
L’Ambassadeur du Maroc en France a en outre relevé de flagrantes incohérences dans cette affaire. "Pourquoi ce répertoire (de 50.000 numéros, NDLR.) concerne-t-il certains pays, que l’on essaie de présenter sous l’angle d’États voyous et policiers, et pas d’autres, alors qu’une quarantaine de pays au total sont censés avoir acheté ce programme selon NSO ?", s’interroge-t-il.
Il s’est aussi interrogé sur les éléments ayant permis à l’ONG de faire le lien avec les autorités marocaines. "Les acteurs qui ont lancé ce processus, avec des accusations fortes, doivent maintenant apporter des preuves", tonne-t-il. Il a ensuite précisé que le Maroc est une "victime" puisqu’il s’agit d’une "tentative de déstabilisation". "En quelques jours, le rouleau compresseur s’est mis en place, avec une campagne massive et coordonnée qui exploite l’émotion d’acteurs se sentant de bonne foi violés dans leur intimité", explique-t-il davantage.
Le dossier du Sahara, un motif ?
Interrogé sur la relation entre Paris et Alger en rapport avec le dossier du Sahara marocain, comme motif pour procéder à des opérations d’écoute ciblant des politiciens français, le diplomate marocain précise qu’il n’existe aucune raison valable à entreprendre ces actes d’espionnage. Pour lui, la question du Sahara marocain est "essentielle, mais le Maroc la défend d’abord sur le terrain". Ceci passe par une dynamique de développement économique et humain. "Ce ne sont pas quelques acteurs qui gesticulent ici ou là qui modifient la donne. Nous avons fait devant les Nations unies une proposition réaliste et crédible d’une très large autonomie, qui constitue une solution politique permettant de construire l’avenir en toute sérénité", argue-t-il. Et d’ajouter : "Tous ceux qui, pour des calculs politiques, veulent jouer avec le feu, qu’ils le fassent, ils trouveront face à eux un front uni et déterminé".
Les services de renseignement impliqués ?
Selon Le Monde, les deux services de renseignement marocains, extérieur et intérieur, auraient eu accès au programme Pegasus. Il s’agit pour l’Ambassadeur marocain en France d’une "banalité" puisque les services de renseignement marocains, à l’instar de leurs homologues dans le monde, "s’intéressent à des logiciels et des outils technologiques pour faire leur travail de protection des intérêts supérieurs du pays et des citoyens", explique-t-il en précisant que le Maroc "n’a pas acquis Pegasus".
Pour lui, les avancées réalisées par le Maroc dans le domaine des droits de l’Homme, notamment à travers la nouvelle Constitution et les lois récemment mises à jour, permettent d’assurer une protection des données personnelles des citoyens. "Les services marocains s’inscrivent dans une démarche d’État de droit, la loi déterminant les modalités dans lesquelles l’usage de programmes pouvant gérer des données personnelles peut intervenir", explique encore le diplomate. Et de faire remarquer que les programmes d’intrusion sont commercialisés à titre privé ce qui constitue un éventuel danger à prendre au sérieux. "La question de la production de ces logiciels intrusifs et de leur exploitation se pose et nécessite certainement une approche multilatérale de régulation à laquelle le Maroc est prêt à contribuer", annonce l’Ambassadeur.
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