Economie
Bank Al-Maghrib alerte sur les risques d’investir dans les cryptomonnaies
07/04/2021 - 17:15
Ghita Ismaili"Le monde se transforme sous l’effet des technologies de l’information. Une transformation rapide matérialisée notamment par l’émergence des cryptomonnaies, comme le bitcoin et l'ethereum et la liste est encore longue", estime Bank Al Maghrib (BAM) en introduction d’une vidéo diffusée dans la soirée du 6 avril, sur les risques liés à l’investissement dans les cryptomonnaies.
Des monnaies qui sont "sous forme de codes, de dossiers et de chiffres qui s’échangent entre ordinateurs sur internet et ont été développés de manière à la fois complexe et impénétrable, c’est-à-dire cryptés", explique BAM, soulignant qu’il est "même difficile de connaître leurs détenteurs". Par conséquent, l’utilisation de ces monnaies virtuelles "vous expose aux risques d’échanger avec des personnes inconnues et souvent malveillantes", prévient la banque centrale marocaine.
BAM rappelle ainsi qu’il est difficile de connaître la source de l’argent reçu ou l’identité de celui à qui vous l’envoyer. "Ce système fonctionne sans intermédiaires entre les vendeurs et les acheteurs. Les virements ne peuvent pas être réalisés au niveau d’une banque commerciale et aucune banque centrale ne régule ses transactions ni garantit l’argent échangé entre les utilisateurs ou encore la valeur de ces monnaies qui est d’ailleurs très volatile", précise-t-on dans la vidéo.
"Volatile et incontrôlable"
De plus, "l’absence d’autorité centrale ou d’administrateur unique a fait que les cryptomonnaies sont le principal moyen de transaction au niveau des marchés criminels et illicites, comme le terrorisme, le trafic d’armes ou encore la traite des êtres humains". De ce fait, BAM insiste sur le fait qu’il est "important de savoir que les cours des cryptomonnaies sont volatiles et incontrôlables". "Investir dans une cryptomonnaie est très risqué, c’est-à-dire une mise de plusieurs millions peut s’évaporer du jour au lendemain et vous perdez ainsi tout le capital investi, sans protection ni garantie. Une perte qui a touché d’ailleurs plusieurs centaines de personnes dans le monde", alerte encore BAM.
Au Maroc, le bitcoin comme les autres monnaies virtuelles sont interdites. Face à l’explosion de ce marché dans le monde, l’Office des changes et le ministère de l’Economie et des Finances avaient publié en novembre 2017 une mise au point sur la question.
"Les transactions effectuées via les monnaies virtuelles constituent une infraction à la réglementation des changes, passible à des sanctions et amendes prévues par les textes en vigueur. Aussi, l’Office des changes, exhorte-t-il les personnes concernées à se conformer aux dispositions de la réglementation des changes qui stipulent que les transactions financières avec l’étranger doivent être effectuées via les intermédiaires agréés et avec les devises étrangères cotées par Bank Al-Maghrib", avertissait-on dans le communiqué.
Le Maroc estimait déjà que ce système de paiement est "occulte et non adossé à un organisme financier" et que "le recours aux monnaies virtuelles comporte d’importants risques pour leurs utilisateurs", tout en affirmant que l’Office des changes en collaboration avec BAM et le Groupement professionnel des banques du Maroc suivaient "avec intérêt l’évolution des monnaies virtuelles au Maroc".
Monnaie interdite
Près de trois ans et demi après, la position du Maroc n’a pas vraiment changé, même si le gouverneur de BAM a récemment évoqué le comité constitué pour évaluer la question et suivre son évolution sur le plan international. "La crise a démontré que le digital ou le numérique va prendre beaucoup de place et importance, pas uniquement dans les domaines du commerce ou des échanges, mais même sur le plan monétaire", affirmait Abdellatif Jouahri dans un point de presse le 23 mars dernier. "Moi-même, j’ai dit à mon équipe qu’il faut absolument être agile et proactif, c’est-à-dire qu’on mette en place un comité en bonne et due forme, avec une mission et deux ou trois groupes de travail", avait-il fait savoir.
🎥Retrouvez l'intégralité du point de presse de Monsieur le Wali tenu à l'issue de la réunion du Conseil de Bank Al-Maghrib du 23 mars 2021
— Bank Al-Maghrib (@BankAlMaghrib) March 23, 2021
👉 https://t.co/042sl4Hx2P pic.twitter.com/YQUrabawX7
Dans la vidéo précitée, BAM rappelle toutefois que l’utilisation des monnaies virtuelles est interdite par la réglementation des changes et que les transactions financières avec l’étranger ne doivent être effectuées que via les banques marocaines et avec les devises cotées par la banque centrale marocaine.
"De même, l’investissement à l’étranger dans les cryptomonnaies comme actifs ou tout autre forme d’investissement n’est pas permis par la réglementation des changes en vigueur", poursuit-on. BAM souligne aussi que les conditions d’investissement à l’étranger sont définies par l’instruction générale des opérations de change et que "pour ces multiples raisons, il est indispensable d’éviter ce type de transactions".
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